Nous, on a passé le cap des 7 jours au Bénin. Plus d’une
semaine déjà, et nous trouvons que nous avons déjà bien changé. En même temps,
les circonstances ne nous ont pas forcément laissé le choix. Nous recommençons
à trouver un rythme en famille, nous appréhendons moins la rencontre avec les
locaux et la sortie de chez nous.
Bref, nous nous adaptons. Pas au point de changer de couleur
de peau comme le pensaient les enfants avant notre départ.
Nous avons bien pu commencer à voir l’étendue du travail que
nous avons à faire ici. Et ce n’est pas une mince affaire. L’aile du service de médecine de l’hôpital est encore
en chantier. Nous travaillons donc dans le pavillon de maternité, qui est déjà
très grand et plus avancé. Quelques consultations, et puis la pharmacie avec un
inventaire dans lequel nous nous sommes lancés… L’activité va progressivement
venir, mais pour le moment, il faut que la population découvre ces bâtiments,
et ose venir dans ce bâtiment qu’ils considèrent parfois comme un
« hôpital pour les fous ». (L’association Saint Camille qui finance
et gère les lieux accueille également environ 2500 malades psychiatriques dans
plusieurs centres au Bénin et en Côte d’Ivoire).
Du coup, pour officialiser le lancement, et faire une
« journée portes ouvertes », Stéphanie la sage-femme avait organisé
une journée de déparasitage (oxyurose-ascaridiase essentiellement). 250
personnes en une matinée de consultation à 3. Un bon départ !
Deuxième temps fort de la semaine, ce matin. Stéphanie vient
toquer à notre porte dès potron-minet pour nous dire qu’une femme s’est
présentée à 3h du matin, pour accoucher, et que le travail stagne. Du coup,
fort de notre expérience exceptionnelle en maïeutique (…), nous partons au
front. Une 5ème pare que nous encourageons de notre mieux. Malgré
cela, le bébé ne veut pas avancer, coincé dans le détroit supérieur, présentation
haute… Nous décidons à 9h30 de la référer à Porto Novo, hôpital à 15 km de chez
nous. Pour lui éviter d’y aller en moto, nous prenons la voiture du centre qui
après 100 m tombe en panne, coincé par ailleurs dans une ornière aggravée par
la pluie de ces derniers jours, le véhicule étant à 45° d’inclinaison. On passe
quelques détails croustillants avant le redémarrage du moteur (chercher
l’essence en bouteilles, pousser la voiture après avoir arrêté les gens sur la
route, creuser en dessous du pot d’échappement qui touchait…)
Une situation tellement inimaginable qu’elle pourrait en
avoir un côté risible, s’il n’y avait sur la banquette arrière une femme dans
ses langes, en plein travail depuis 6h qui commence à être un peu malmenée par
les soubresauts de la route. Nous n’en menions pas large à l’arrivée à
l’hôpital. L’histoire se termine bien car elle a bénéficié d’une césarienne, et
a accouché d’un petit Grégory, qui, on l’espère aura un destin un peu moins
tragique !
Bref, Dédé nous a donné une clé de lecture importante :
« en Afrique, tu vis des émotions intenses sans interruption et tu peux
passer du rire aux larmes dans une même journée. » Et c’est vraiment cela
que nous commençons à vivre…
Nous pensons fort à vous, et commençons à regretter quelques
spécialités culinaires de chez nous…
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